Miss Grace Jones : un retour en apothéose

Par Patrick Thévenin  lundi 23 mars 2009, tetu.com

Les fans de Grace Jones n'en reviennent toujours pas. La star a livré, hier soir, une prestation magistrale dans un Grand Rex chauffé à blanc par un public (majoritairement gay) qui ne l'avait pas oublié malgré vingt ans d'absence. Le récit et les images d'un concert mémorable.

                           

Dimanche 23 mars, 20h30. Le rez-de-chaussée du Grand Rex ressemble à une cour des miracles où tout ce que Paris compte de clubbers gays depuis trente ans, s’est donné rendez-vous. Il faut dire que l’occasion est trop belle: ça fait trois mois que tout le monde attend en trépignant (et les revendeurs de billets à la sauvette, encore plus), le retour de la diva Grace Jones sur scène, dans la foulée d’un nouvel album, Hurricane, accueilli en fanfare par la critique et les fans.

21H30, la scène du Grand Rex reste désespérément vide. On sent l’impatience monter dans les rangs des spectateurs sagement répartis entre les trois niveaux de cette salle magnifique, quand soudain, le noir se fait et une bande son apocalyptique se met en marche pour accueillir Grace, perchée sur une sorte d’échafaudage mobile (clin d’œil à son spectacle datant des années 80 mis en scène avec Jean-Paul Goude), les jambes nues et les fesses à l’air, juste vêtue d’un corset et de deux antennes lumineuses. Une voix sourde se fait entendre, récitant la prophétie de Slave to the Rythm: «And Now, Ladies & Gentlemen, Miss Grace Jones!», pendant que les premières mesures rythmiques de Nightclubbing déchirent le cœur des fans qui commencent à hurler.

La suite ce sera, une Grace Jones sublimement en forme autant physique que vocale, et ce malgré ses 60 ans passés, qui revisitera le best of de son répertoire (My Jamaïcan Guy, Pull Up to the Bumper (en se caressant les fesses dévoilées à merveille par un string), La Vie en rose, Love is the Drug, Libertango…), assorti d’une poignée de nouveaux morceaux tirés de son dernier album. Le tout appuyé par une bonne dizaine de musiciens, choristes, batteurs, ingénieurs du son qui ne sont pas là pour rigoler et se permettent de couper court aux divagations de la miss entre chaque morceau en faisant saigner la grosse caisse.

Car le plus drôle, au-delà de la performance impeccable de Jones à qui on n’en demandait pas tant au final, ce sont, en plus de ses changements incessants de chapeaux signés du styliste londonien Philip Treacy, ses bavardages continuels, souvent sans queue ni tête, mais très axés sur le cul et notamment sur sa chatte… Oui, vous avez bien lu: la chatte de Grace Jones!

Le reste de ses interventions est du même acabit. Au début de Libertango elle se mélange les pédales, cite Roman Polanski et confond l’Argentine et Ibiza… Sur Pull up the Bumper alors que les confettis pleuvent dans la salle, elle demande aux spectateurs de se lever et de la rejoindre sur scène au grand dam de la sécurité, tout en engueulant les fans qui poussent trop… La Vie en rose est l’occasion de se frotter à la foule (voir vidéo plus bas). Sur Love is the Drug, elle se fend d’un hommage à la top model Katoucha, récemment disparue, qui vire en hymne à la cocaïne ! Avant le démarrage de William’s Blood, et un couplet sur son enfance religieuse, on l’entend en coulisse lancer un «Y a rien à sucer ici? J’ai soif…»

Le spectacle se terminera sur Hurricane, un des morceaux phares du nouvel album, où Grace luttant contre un ventilateur géant, réclame qu’on rétablisse l’éclairage: «Paris met les lumières, je veux te voir!»  Sous les applaudissements des spectateurs encore sonnés d’une telle performance, la lumière se rétablit tout doucement, pendant que Grace, divinement belle, s’engouffre dans les coulisses. La vie en rose est terminée pour cette fois. Et c’est bien dommage!

PHOTO DR.