Amélie Mauresmo «Je me suis posée, je passe du bon temps»
Par Myrtille Rambion, tetu.com
INTERVIEW. Mercredi 10 février, Amélie Mauresmo est revenue à Coubertin. Pas pour son come-back de joueuse, mais pour faire en bonne et due forme ses adieux à un public qui lui a tant donné, celui de l'Open GDF Suez. L'occasion également de nous entretenir avec elle. Alors, la retraite, c'est comment?
Un film projeté sur l'écran géant du stade Pierre-de-Coubertin pour retracer les plus grands moments de sa carrière. Des discours très touchants de ses pairs (« Aujourd'hui, je me sens triste. En tant que joueuse et en tant que femme, Amélie Mauresmo restera toujours dans ma mémoire et je doute qu'une autre la remplace», a notamment dit, très émue et dans un français impeccable, la Russe Elena Dementieva). La déclaration d'amour de son ami l'humoriste Michel Boujenah («Tes espoirs, c'étaient nos espoirs; tes désespoirs c'étaient nos désespoirs à nous aussi. Pour tous ceux qui sont là et un peu pour moi, égoïstement, je te dis du fond du cœur merci, merci beaucoup.»)
Puis Françoise, sa maman qui préfère habituellement l'ombre à la lumière, qui la prend dans ses bras et lui offre un gros bouquet de fleurs dans une effusion de larmes, avant les amis, ceux de l'entourage professionnel mais aussi du cercle plus privé. Et enfin, ce public de l'Open GDF Suez qui lui a tout donné et qui a tant contribué à ces trois titres conquis à Paris. Ce mercredi 10 février, Coubertin était en fête pour dire adieu en bonne et due forme à l'immense championne Amélie Mauresmo. À l'issue de la cérémonie, c'est une jeune retraitée de 30 ans très détendue et nullement titillée par l'envie de reprendre la raquette qui s'est prêtée au jeu des questions-réponses. TÊTUE y était.
TÊTUE: Cette cérémonie a-t-elle été réussie?
Amélie Mauresmo:
Oui, oui (sourire). Je ne savais pas du tout à quoi m'attendre. C'était
sympa d'abord de voir toutes les filles qui étaient restées alors que,
pour la plupart, elles avaient des matches le lendemain. Et puis j'ai
été très touchée par le discours d'Elena (Dementieva) et par celui de
Francesca (Schiavone) parce que bien évidemment c'est important de bien
jouer au tennis, de toujours faire du mieux possible, mais j'ai
toujours eu envie aussi de partager des choses avec les unes, les
autres, avec un groupe, et apparemment, cela a été le cas. Et puis
derrière, Michel (Boujenah), la famille, les amis qui viennent... Ils
ont fait partie de l'aventure complètement et j'espère leur avoir
apporté autant qu'ils m'ont apporté.
En quoi une telle cérémonie était-elle importante pour vous, alors que vous avez annoncé votre retraite le 3 décembre?
Au
départ, c'est une initiative du tournoi. Mais c'est vrai que j'ai une
telle histoire ici à Coubertin qu'évidemment j'ai tout de suite dit:
ben oui, je serai présente s'il y a quoi que ce soit (sourire). Cet
hommage était plutôt émouvant et puis c'était aussi l'occasion de
remercier le public une dernière fois pour cet engouement, cet amour,
ce soutien, ces émotions partagées au-delà des victoires. C'est vrai
que j'ai gagné trois fois ce tournoi mais il y a eu tellement d'autres
moments extraordinaires dans ce stade. Que ce soit lors de l'entrée sur
le court ou même au milieu des matches, c'était incroyable! Tout d'un
coup, tout le monde se levait, ça hurlait... J'avais des frissons
(sourire). Ce sont quand même de grands souvenirs.
Et... cela ne vous donne pas envie de revenir?
Non!
(rires) Non, parce que je sais ce que cela engendre, je sais le travail
qu'il y a derrière pour arriver au niveau que j'aurais envie d'avoir et
je sais qu'aujourd'hui, ce travail-là, je n'arriverais plus à le faire.
Mentalement et même physiquement, ça devenait difficile.
Vous n'avez donc pas d'envie de
come-back sur le court, mais dans l'encadrement de la Fed Cup, par
exemple, vous qui vous êtes dites révoltée par les polémiques autour de
l'équipe de France qui a perdu le week-end dernier à Liévin?
On me pose beaucoup la question. D'abord, c'est très délicat pour moi qui m'entend bien avec Nico (Escudé, le capitaine) et avec Alex (Dechaume-Balleret, l'entraîneur)... Oui,
c'est délicat, voilà. Après, je crois que chaque chose doit se faire en
son temps, moi, je ne suis pas pressée de toute façon de revenir dans
le truc. Il faut qu'ils fassent ce qu'ils ont à faire avec cette équipe
de France. Après, s'ils en ont marre (sourire) parce qu'effectivement,
surtout aujourd'hui, il y a une pression qui est très très importante,
on verra. Évidemment, le tennis m'a beaucoup apporté, quasiment tout,
donc il s'agit probablement d'une envie que j'aurai à un moment, mais
je crois qu'il faut d'abord laisser l'équipe qui est en place faire les
choses.
Depuis que vous êtes à la retraite, vous prenez visiblement le temps de prendre du temps, justement.
Je
sors de ma carrière en n'ayant pas l'impression d'avoir été frustrée et
de ne pas avoir vécu. C'est un peu la chance que j'ai eue, quand même:
je me suis autorisé des moments de décompression, des moments de
partage. Maintenant, pour ce qui est des kilos que j'aurais pu
éventuellement prendre (sourire), soyez rassurés, ça va, ça ne se passe
pas trop mal pour l'instant! En plus, j'ai cet objectif de fin d'année
avec le marathon de New York (elle est inscrite, ndlr) donc il
ne vaut mieux pas commencer à gonfler (sourire) sinon ça va se
compliquer. Non, non, tout va bien. Au début, j'ai eu la peur du vide,
j'ai eu beaucoup de propositions et j'y ai répondu. Et puis je me suis
rendue compte qu'en fait, j'avais envie de me poser. Donc, depuis que
j'ai annoncé que j'arrêtais, je passe du bon temps avec mes potes, sans
pour autant faire des excès. Quant à la suite, je ferai des choix dans
le courant de l'année... ou pas d'ailleurs!