À la recherche des L Word à L.A. ou le royaume des lipstick lesbians
Trop belles pour être vraies, les Tina, Shane, Dana, et autre Beth de la série «The L Word» qui se déroule à Los Angeles? Pas dans la cité des Anges, où la réalité se confond souvent avec la fiction. Ici les filles qui aiment les filles sont riches, sexy, et ont un brushing californien. Reportage de notre envoyée spéciale.
Sandy Sachs ( à droite) propriétaire du Girl Bar et son associée Robin
Le décor est planté : les rues rectilignes de West Hollywood et
leurs cafés et restaurant au design épuré, les palmiers géants et le
trafic incessant en fond sonore. Un décor de far West de luxe qui sert
de villégiature à la population gay et branchée de Los Angeles. Et de
scène de théâtre à la série qui met sous les projecteurs les filles qui
aiment les filles.
Direction l'un des haut lieu de la
communauté, sur Melrose avenue. Immense baie vitrée et contours épurés,
lustres monumentaux et ambiance «électro zen» pour le son, nous sommes
au Murano, très chic restaurant tenu par la reine de la nuit lesbienne
de L.A, Sandy Sachs (voir photo). Corps athlétique et manucure de mise,
la tenancière du lieu, comme toutes les «angelinas», en paraît dix de
moins. Sandy a l'accueil chaleureux et la voix rocailleuse des oiseaux
de nuit. Et n'interrompt la conversation que pour aller embrasser sa
jeune petite amie, belle blonde à l'allure longiligne et au teint
diaphane, qui vient d'entrer dans le restaurant.
Ce qu'elle
pense de la série ? Ne lui en parlez pas. «Dawn Denbo, la propriétaire
d'un bar qui concurrence le Planet et qui sème la zizanie dans la
saison 5, c'est moi. Ils m'ont caricaturée en une sorte de reine de la
nuit lesbienne, ils ont grossi les traits de mon personnage pour en
faire une arriviste, c'est insupportable» Et Elizabeth Keener,
l'actrice qui joue le rôle de Sandy dans la série, en a pris
directement pour son grade. Pour cause: elle est sa meilleure amie dans
la vie. La réalité se confondrait-elle avec la fiction dans la cité des
Anges? Oui, pour Sandy, totalement. «La scénariste de L Word vit à West Hollywood dans une communauté de lesbiennes, elle s'inspire des gens qu'elle a autour d'elle, de ses amies.»
Los
Angeles ne serait donc peuplée que de Dana, Alice et autres créatures
sculpturales qui font la fête, les boutiques, et se retrouvent dans
leur café préféré tous les jours entre copines. Pour Sandy, qui se veut
l'initiatrice du mouvement des «lipstick lesbians», c'est une évidence.
«J'ai voyagé dans beaucoup d'endroits dans le monde, et, pour moi, les
californiennes sont définitivement les plus belles femmes. Ici, prendre
soin de son apparence est une règle. Nous sommes de parfaites lipstick
lesbian, celles dont on ne peut pas dire si elle sont homo ou hétéro.»
Et c'est effectivement le cas des nombreuses têtes blondes du
restaurant, qui, en tailleurs et top à paillettes, trinquent sur les
sofas de cuir blanc dans la lumière tamisée des bougies.
Difficile de dire, au premier abord, que l'endroit est le dernier rendez-vous lesbien branché. Tout comme au Girl Bar, club crée par Sandy et son ex-petite amie Robin, à quelques pas de Melrose Avenue. Son électro, écrans géants qui diffusent des clips et piste chargée de filles sur talons hauts et mini-top, le lieu commence à s'animer alors qu'arrivent deux gogo danseuses en cuir et bas résille qui s'adonnent, sur les estrades, à des déhanchements très hot. Effet garanti dans la salle. Les regards sont tournés vers les deux lianes en body qui se contorsionnent sur dix centimètres de talons. Saskia, métisse en tailleur et bottes, apprécie ces soirées, et y retrouve sa bande de copines chaque week-end. La jeune femme avoue se reconnaître totalement dans la série. «Je m'identifie beaucoup à Beth, à cause des difficultés qu'elle rencontre avec ses origines afro-américaines et de son caractère de femme de pouvoir. Et comme l'action se déroule à Los Angeles, il est parfois difficile de savoir si c'est la réalité qui alimente la fiction ou l'inverse.»
Jamie et Suzy très sensuelles au Girl Bar
Jamie, grande brune longiligne, est coach personnelle de fitness. Et
avoue que parfois, les ressemblances entre les filles des L Word et ses
amies est troublante. «Même si les scénarios sont exagérés, cette
histoire de réseau où tout le monde est sorti avec tout le monde, et le
style de vie, les soirées, les fêtes, c'est vraiment nous.» Suzy, qui
travaille dans l'événementiel, confirme. «Même le Planet, le café
préféré des filles de L Word, ressemble à beaucoup d'endroit où nous
allons. Il n'existe pas en tant que tel, mais c'est un mélange de
plusieurs adresses de Los Angeles.»
Alors si réalité et fiction
ne font qu'un dans la cité des Anges, les actrices de la série
joueraient-elles leur propre rôle ? Sandy, qui compte parmi les
clientes de son restaurant Leisha Hayley et Katerine Moening, a
tranché. « Leisha est très drôle aussi dans la vie. Et Shane ? Sandy
fait la moue. Le bourreau des cœurs de la série ne serait «Sympa, sans
plus, mais vraiment pas canon de près.» A vérifier.
Par Deborah de Lespinay, Tetu.com, vendredi 27 février 2009