La lesbienne invisible est de retour!
Par Ursula Del Aguila Chef de rubrique Têtue.com
Océane Rosemarie alias «La lesbienne invisible» revient, jeudi prochain, au théâtre parisien des Feux de la rampe. Interview de l'humoriste la plus visible du moment dans la galaxie lesbienne.
TÊTUE: Quand je t'ai interviewée, il y a quatre ans pour ton premier album (Don Juan par Oshen, V2), tu étais bien timide sur la question des lesbiennes, et aujourd'hui, tu reviens en humouriste avec ton spectacle La lesbienne invisible? Que s'est-il passé?
OCÉANE:
A l'époque je ne voulais pas être cataloguée «chanteuse lesbienne», je
voulais que les gens écoutent ma musique parce qu'elle les touche, les
émeut, et ma vie personnelle et sexuelle ne regardait que moi. Je le
pense toujours d'ailleurs! Seulement j'avais envie de me remettre à
jouer (j'ai fait beaucoup de théâtre adolescente, et pendant longtemps,
je pensais devenir comédienne), et tout naturellement quand je me suis
dit «de quoi j'ai envie de parler?», il n'y avait qu'une réponse
possible! On nous pose toujours tellement de questions invraisemblables
sur notre sexualité, et il y a encore tant de clichés à propos des
lesbiennes que je me suis dit qu'il y avait un véritable potentiel
comique et instructif dans mes mésaventures et j'ai pensé que l'humour
était un bon moyen de faire changer les choses en douceur! J'avais
envie de proposer un spectacle léger et sincère; d'une part, auquel,
les lesbiennes pourraient s'identifier (parce qu'on est toujours en
manque de spectacles et de films auxquels on peut s'identifier pas
vrai?), et d'autre part, qui permettrait aux hétéros de mieux nous
connaître, et de mieux nous comprendre en s'identifiant aussi à plein
de choses dans le spectacle. Parce que se prendre des rateaux, être mal
compris par les autres, tomber un soir sur le coup du siècle avec un
pois chiche dans le cerveau ou regarder trop de séries en mangeant des
chips, ce n'est pas réservé qu'aux lesbiennes!
Est-ce que «la» lesbienne, dans sa caricature, est: monogame a) sans humour b) paranoïaque c) ou souffre d'être née femme d)? Sans
humour et paranoïaque, je crois que c'est ce qui peut arriver de pire à
quelqu'un en général, et encore plus quand il/elle appartient à une
minorité. Etre née femme, je vois pas ce qu'on peut rêver de mieux ;-).
Etre monogame me semble être une bonne option pour être heureux avec
l'autre, mais bon, ça, chacun sa technique pour accéder au bonheur!
C'est
génial que tu parles de l'invisibilité des lesbiennes au moment où
enfin on commence à sortir de l'ombre? Que penses-tu, à ce sujet, de
TÊTUE? Sans doute que je suis dans l'air du temps ;-) mais
crois moi, y'a encore du boulot! On n'est pas encore complètement
sorties de l'auberge, ni de l'ombre, ni du... enfin tu vois quoi.
J'aime bien TÊTUE, j'ai toujours eu du mal avec le magazine Têtu qui a voulu nous faire croire pendant des années qu'on y serait représentées, hors, s'il y a eu deux filles qui ont fait la couv depuis la création, c'est le bout du monde! Ce n'est pas un problème si c'est assumé en tant que journal pour les mecs, mais celles qui ont cru que ce serait vraiment aussi pour les filles au début ont sans doute été déçues. Du coup, j'ai l'impression que le support internet permet de prendre une plus grande place, et ça c'est chouette!
Où en est ta musique? As-tu plus de succès avec les nanas comme humoriste ou comme chanteuse/musicienne? J'enregistre en ce moment mon 3ème album. Je ne peux pas encore dire quand il sortira, parce que La lesbienne invisible me prend beaucoup de temps en ce moment, mais en 2010, ça c'est certain! Je ne sais pas où j'ai le plus de succès, mais je crois que c'est difficile d'aimer l'un et de détester l'autre; Oshen et Océanerosemarie ont beau être deux personnages, c'est quand même la même personne !
Photo par Valérie Archeno